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Visite au CHU Sud de Mme Agnès Firmin le Bodo - Intervention de Mme Huguette BELLO

24 septembre 2022

Visite de Mme Agnès Firmin le Bodo
Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de Santé

Intervention de Mme Huguette BELLO Présidente de la Région Réunion

"L’offre de soins en victimologie et psychotrauma, qui est au centre de notre séquence de cet après-midi, est en très bonne voie de structuration et s’inscrit, en la complétant dans la politique sanitaire toujours plus dense et plus diversifiée que le CHU de la Réunion entend mettre en œuvre depuis sa création.

Notre CHU vient de passer un cap en fêtant cette année ses 10 ans. Un anniversaire qui intervient dans le grave contexte épidémique qui a mis à rude épreuve les systèmes de santé. Mais cet épisode a aussi montré la mobilisation sans faille et le dévouement de tous les personnels qui ont été en première ligne dans la gestion de l’épidémie et la prise en charge des malades. Je tiens à souligner qu’en raison de l’éloignement géographique, les professionnels de santé de la Réunion ont dû et ont su faire face à la crise de manière quasi autarcique. Grâce à eux, le CHU a été un véritable rempart pour la population réunionnaise.
Grâce à eux, il a également joué un rôle pivot dans la zone océan Indien en déployant un véritable pont aérien sanitaire avec Mayotte et en organisant en un temps record, en 2021, la première évacuation sanitaire long courrier (de La Réunion vers l’Hexagone) de patients atteints de la Covid.

C’est donc dans ce contexte aussi particulier que significatif que le CHU de la Réunion vient de finaliser son projet d’établissement 2022-2026. Un projet à nul autre pareil puisque sous-tendu par les caractéristiques d’un CHU de création récente, implanté dans une île de l’hémisphère sud et devant répondre à une demande de soins en très forte augmentation dans les 15 ans à venir. Notre territoire est en effet confronté au quadruple défi d’une population qui augmente, qui vieillit, qui subit une forte précarité et qui enregistre une sur-prévalence des maladies chroniques.

Pour faire face à cette demande et à l’augmentation constante d’activités qui en découle, des investissements significatifs sont prévus par l’État (186 M€ sur le Ségur) Au-delà de sa compétence, la collectivité régionale, à travers le FEDER, intervient en faveur du CHU avec des montants d’investissements très significatifs. Ce sont 30,5 millions d’euros qui sont inscrits sur le programme européen 2021-2027.

Mais de manière aussi évidente qu’inquiétante, il apparait de plus en plus que le CHU ne dispose pas aujourd’hui de toutes les capacités nécessaires pour répondre dans des conditions optimales à une demande sanitaire en très forte croissance dans un contexte post-épidémique, et ce malgré une réorganisation de ses filières. Vous le savez, Mme la Ministre, notre CHU a connu un COPERMO très douloureux. Les efforts de l’ensemble de la communauté hospitalière ont permis de réduire drastiquement son déficit qui est d’ailleurs loin d’être vertigineux et qui est le lot de la moitié des CHU de France.
Désormais, la balle est donc dans le camp du gouvernement. Tous les établissements de santé de La Réunion attendent que se concrétise dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, c’est-à-dire d’ici quelques semaines, l’engagement pris au début de cette année d’abord par le Président de la République puis par le Premier ministre Jean Castex en faveur d’une revalorisation du coefficient géographique. Depuis plus de 10 ans, les établissements de santé réunionnais sont sous-financés. Leur financement ne correspond plus aux surcoûts réellement supportés et il est fort à parier que les augmentations actuelles du fret et de l’inflation aggravent encore cette sous-évaluation. Quoi qu’il en soit, tous les travaux menés ces dernières années s’accordent pour que le coefficient géographique de la Réunion soit à son tour réévalué et porté à 35%. (Il ne l’a été qu’une fois et d’un seul point depuis 2006).
Point n’est besoin de démontrer tous les surcoûts auxquels nos hôpitaux doivent faire face et qui découlent de notre situation particulière. Nous attendons depuis si longtemps que soit véritablement respecté le principe républicain d’égal accès aux soins à La Réunion qui passe nécessairement par la revalorisation du coefficient géographique.

Dans le paysage sanitaire réunionnais, le CHU occupe une place particulière. Il est l’établissement support du Groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Réunion et doit à ce titre à la fois exercer pleinement des missions de recours et soutenir le développement des établissements parties du GHT (à savoir le Chor, l’Epsmr, le Gher) sur leurs territoires respectifs en vue de garantir leurs activités de proximité.

Le CHU de la Réunion est aussi le CHU de la France dans l’océan Indien. Il lui incombe notamment d’assurer, dans le cadre de la solidarité nationale, une mission de soutien vis-à-vis de Mayotte qui est confrontée à un véritable défi sanitaire comme le révèlent les statistiques evasan : 400 en 2012, 1500 prévues en 2022. Et dans le cadre du co-developpement, de répondre également aux besoins sanitaires de nos îles voisines.

Une autre des prérogatives du CHU de la Réunion, et non la moindre, réside dans la formation médicale et para-médicale des étudiants à laquelle la Région apporte son soutien plein et entier. Mais ce développement hospitalo-universitaire, auquel nous aspirons tous ici, se trouve entravé par l’insuffisance du nombre de PU-PH et MCU PH, seulement une quinzaine. Il n’est absolument plus justifié ni compréhensible que le CHU de la Réunion soit toujours le moins bien doté en la matière alors que le nombre d’étudiants augmente et que l’attractivité du troisième cycle se confirme année après année avec une 4ème place dans le dernier classement national. La mise en place d’un cursus complet des études médicales à la Réunion est un objectif fort que nous souhaitons atteindre dès la rentrée 2023.
Vous l’avez compris , la volonté de la collectivité régionale est de contribuer à une offre de formation médicale et paramédicale d’excellence à la Réunion. Il s’agit d’être en capacité de répondre aux nouveaux besoins liés à la prise en charge de la dépendance et à la nécessaire évolution des soins. Nous projetons à cet égard d’augmenter les places de formation pour les infirmiers, les aides-soignants, les masseurs-kinésithérapeutes et de travailler à la création d’une école d’orthophonistes.

Notre ambition est que cette politique de formation soit assortie d’une forte ouverture à l’international. D’ores et déjà, et avec l’appui financier de la Région, le CHU forme chaque année 600 professionnels de santé des pays de la Commission de l’océan Indien. Nous souhaitons que le CHU de la Réunion ait les moyens de remplir pleinement le rôle qu’il a à jouer dans l’océan Indien non seulement grâce à une plateforme sanitaire performante et accessible mais aussi via un dispositif d’enseignements et de recherches adapté aux besoins de notre région géographique. La santé est en effet l’un des domaines qui se prêtent le mieux au développement de la coopération avec notre environnement.

L’intitulé de votre ministère est sans doute l’acte fondateur de cette « révolution de la prévention » préconisée au plus haut niveau de l’Etat . Sa déclinaison sur notre territoire est très attendue tant elle est indispensable pour lutter contre les pathologies chroniques au premier lieu desquelles le diabète ou encore contre la surmortalité élevée qui entoure la naissance. Avec 3 euros par habitant et des indicateurs très dégradés, la prévention est le parent pauvre, le parent très pauvre de la médecine dans les Outre-mer. La Réunion souhaite voir se multiplier les initiatives en matière de prévention . Ainsi, la Région vient de lancer son Plan Régional de prévention contre trois maladies qui aggravent la mortalité : diabète, alcoolisme et obésité et en menant des actions de sensibilisation et de prévention sur les risques liés aux grossesses précoces. La convergence des objectifs et des moyens dans ce domaine crucial constitue assurément un gage de réussite.

En dix ans seulement, le 30ème CHU de France a parcouru un chemin considérable. Nous avons appris que garantir l’égal accès aux soins pour tous et assurer une offre publique hospitalière sécurisée sur l’ensemble de notre territoire exigent une mobilisation de chaque instant et une ambition partagée. Puisse cette leçon nous inspirer durant la décennie décisive qui s’ouvre pour le CHU de la Réunion.

Je vous remercie."

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