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Réunion avec le Président de la République sur la crise sanitaire

Santé COVID-19
27 janvier 2022

La Présidente de Région Huguette Bello a participé ce jeudi à la réunion avec le Président de la République consacrée à la crise sanitaire dans les Outre-Mer.

Notre territoire enregistre le plus fort taux d’incidence de France. L’urgence est là. Nos hôpitaux sont soumis à une pression grandissante et la propagation rapide du virus risque encore de s’accélérer avec la rentrée des classes qui a eu lieu ce lundi.

La Présidente Huguette Bello prend acte de l’annonce de l’arrivée de nouveaux moyens humains et du déploiement de matériels militaires qu’elle avait appelé de ses vœux. Sa persévérance sur le sujet a payé. Mais beaucoup de temps à déjà été perdu. Cet engagement doit maintenant être précisé et se concrétiser le plus rapidement possible.

La Présidente Huguette Bello, qui s’était faite le relais des chefs d’entreprises réunionnais, se félicite également d’avoir été entendue sur l’impérieuse nécessité du maintien du fonds de solidarité national mis en place par l’État, et justifié par le contexte d’urgence sanitaire et nos spécificités économiques insulaires.

Cependant, la réunion qui vient de se terminer est loin de répondre pleinement aux préoccupations des Réunionnais. Des réponses manquent encore ou sont trop imprécises, notamment sur la questions des moyens alloués à nos hôpitaux et la réévaluation du coefficient géographique qui contrarie notre sécurité sanitaire par un mode de financement qui ne prend pas en compte les surcoûts engendrés par l’éloignement.

La Présidente Huguette Bello appelle le Président de la République et le gouvernement à prendre conscience de la gravité des enjeux. Aujourd’hui, pour faire face à l’épidémie, et demain, pour garantir aux Réunionnais une offre de soins de meilleure qualité.


Intervention d’Huguette BELLO
Présidente de la Région Réunion
27 janvier 2022

Monsieur le Président de la République,
Messieurs les ministres,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames, messieurs les élu.e.s
Cher.e.s collègues,

La semaine dernière, La Réunion a enregistré le plus fort taux
d’incidence de France. Une augmentation spectaculaire qui nous
ramène près de vingt ans en arrière lorsque La Réunion a été le
premier territoire français à subir une maladie virale d’une ampleur
inédite au 21ème siècle. Depuis le chikungunya, nous savons qu’il
faut agir vite et avec des mesures fortes si l’on veut éviter que la
situation sanitaire n’échappe à tout contrôle et n’emporte la
désorganisation de la société dans toutes ses dimensions.

C’est pourquoi les gestes barrières, qui ont été les premiers remparts
contre la covid, doivent être réactualisés et tous les moyens pouvant
relancer le processus vaccinal doivent être mobilisés. Convaincre,
expliquer, « aller vers », mais aussi compléter l’offre actuelle avec
les nouveaux vaccins homologués à technologie plus classique.

Car l’urgence est là : elle est dans la saturation des hôpitaux soumis
à une pression grandissante. Elle est dans des niveaux très élevés de
déprogrammation des interventions tant en médecine qu’en
réanimation. Elle est dans la propagation rapide du virus qui risque
encore de s’accélérer avec la rentrée des classes qui a eu lieu à La
Réunion ce lundi. Depuis deux ans, l’hôpital public a été en
première ligne dans la gestion de cette épidémie. En 2021, le CHU
de La Réunion a pris en charge 5000 patients covid c’est-à-dire
90% des personnes hospitalisées après contamination.

En raison sans doute de l’éloignement et grâce aux efforts
immenses déployés par les personnels soignants, cette gestion a été
réalisée de manière quasi autarcique. Je veux être précise pour
souligner l’ampleur du travail accompli. De 58 lits de réanimation
avant la crise, notre CHU est passé à 109 lits en faisant appel
uniquement à un recrutement local et en impulsant de vigoureuses
actions de formation. Cette sorte d’autonomie sanitaire s’est en
outre conjuguée avec la mise en place d’un pont aérien sanitaire
depuis Mayotte puisque le CHU a accueilli 100 malades mahorais.
Sans compter l’organisation de la première opération EVASAN
long courrier vers l’Hexagone dès le mois de mars 2021.

L’accélération très violente de la circulation du virus dans l’île
provoque une nouvelle tension sur les hôpitaux et, pour garantir la
continuité des soins, le plan Blanc a dû être déclenché. Il faut à
nouveau armer des lits supplémentaires. En médecine et en
réanimation. Et cette fois en faisant appel également à des renforts
nationaux puisque les ressources humaines locales ont été très
sollicitées et que les soignants ne sont pas à l’abri des
contaminations. Les besoins en termes de personnels ont déjà été
identifiés avec précision : en plus des 8 renforts de la réserve
sanitaire, le besoin immédiat est de 4 médecins et 10
paramédicaux.

Au regard des taux d’occupation des lits, la sagesse ne devrait-t-elle
pas conduire aussi à positionner dès à présent un hôpital militaire de
réanimation ?

L’épidémie de covid vient confirmer une fois de plus l’urgence
structurelle de doter notre système de santé des moyens à la hauteur
de ses priorités et de ses ambitions.

À La Réunion, la sécurité sanitaire est contrariée par un mode de
financement qui ne prend pas en compte les surcoûts engendrés par
l’insularité et l’éloignement. Les difficultés structurelles de notre
système de soins, sur lesquelles la covid jette une lumière crue, sont
en grande partie liées à la stagnation du coefficient géographique.
Créé en 2006 pour les régions insulaires, au moment du passage à la
T2A, il n’a augmenté qu’une seule fois et que d’un petit point à La
Réunion. Depuis 2013, notre coefficient est bloqué à 31%. Année
après année, loi après loi, la demande unanime des élus réunionnais
pour le réévaluer a été différée et au bout du compte rejetée. Il y a
trois ans déjà, avant la hausse du fret, avant la reprise de l’inflation,
un grand Cabinet d’études avait estimé le surcoût non pris en
compte à 16 millions d’euros soit 4 points. Il est difficile de ne pas
rapprocher ce chiffre du déficit annuel du CHU.

Pour La Réunion, la priorité est donc de réévaluer rapidement le
taux du coefficient géographique si l’on veut développer et garantir
une offre de soins de qualité aux Réunionnais mais aussi répondre à
la vocation de rayonnement régional à laquelle nous pouvons
prétendre sur le plan sanitaire. Une solution simple, juste et
acceptée de tous les acteurs locaux. C’est assez rare pour être
soulignée et … appliquée.

Pour conclure, j’ajouterai que l’après-covid se pense dès
aujourd’hui.

Sur le plan sanitaire, la reprogrammation des interventions sera une
étape cruciale. Elle passe par une nouvelle mobilisation des
personnels alors que, depuis deux ans, ils sont et seront très
sollicités. Le Ségur n’a permis que 35 nouveaux recrutements et le
coefficient actuel ne permet pas d’aller plus loin.

Sur le plan économique, le risque de fragiliser encore un peu plus
nos entreprises est d’autant plus réel que notre tissu économique est
composé à plus de 90 % de PME qui souffrent de difficultés de
trésorerie et de l’étroitesse de nos marchés locaux qui limite
fortement leurs capacités de rebond à moyen terme. Je pense en
particulier aux secteurs des loisirs et de l’évènementiel qui sont,
comme vous le savez, des composantes majeures de notre tourisme
réunionnais et qui, si rien n’est fait, paieront cette crise au prix le
plus élevé du fait de leur dépendance à l’évolution de la situation
sanitaire et à la relance des flux touristiques en provenance de
l’extérieur. Par ailleurs, notre tissu productif est aujourd’hui
particulièrement perturbé par des difficultés d’approvisionnement
extérieures qui désorganisent l’ensemble de nos chaînes de valeur
locales. La majorité de nos entreprises sont concernées par des
retards dans les délais d’approvisionnement, conjugués à une hausse
du coût du fret, avec des répercussions en cascade sur les délais de
paiement à leurs fournisseurs, sur leurs besoins en fonds de
roulement à très court terme et, par effet ricochet, sur le risque de
hausse de leur niveau d’endettement déjà élevé et, enfin, sur la
probabilité d’une augmentation durable des prix à venir pour les
consommateurs locaux.

C’est pourquoi, dans ce cadre si particulier d’état d’urgence
sanitaire qui impacte largement la situation économique locale, je
me fais ici le relais de nos chefs d’entreprise qui demandent à l’État
de revoir les conditions d’octroi des aides aux coûts fixes et au
financement de l’activité partielle des salariés ainsi que les
conditions d’un report du paiement des échéances fiscales et
sociales et du remboursement des prêts garantis par l’État. Le contexte d’urgence sanitaire et nos spécificités économiques
insulaires justifient pleinement également la réactivation du fonds
de solidarité national mis en place par l’État. Il s’agit là de moyens
essentiels à mobiliser en faveur de la reprise économique et de nos
chefs d’entreprise.

Sur le plan social, la jeunesse mérite une attention toute particulière
et de larges perspectives doivent lui être ouvertes. Dans l’immédiat,
des mesures d’accompagnement doivent être prises, notamment en
faveur des étudiants.
Je vous remercie.








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