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Rencontre entre les Président.e.s de Région et la Première Ministre

21 juillet 2022

Discours de la Présidente, Huguette BELLO

Madame la Première Ministre,
Mesdames Messieurs les Ministres
Chers Collègues

Je souhaiterai appeler à votre attention quelques éléments essentiels caractérisant les situations des outre-mers, relevant soit de l’urgence, soit de notre situation structurelle.

L’urgence relève d’une situation sociale particulièrement dégradée outre-mer, avec des taux de pauvreté sans comparaison avec la France continentale

A La Réunion, plus de 40 % de la population vit sous le seuil national de pauvreté. En proportion, cela représenterait plus de 25 millions de pauvres dans l’hexagone.

Dans ces conditions, la question du pouvoir d’achat est centrale. Nous sommes l’île des surcoûts. Tout était déjà plus cher du fait de l’insularité et de notre éloignement des sources d’approvisionnement. Avec les crises actuelles, tout est devenu encore plus cher.

Une des solutions concrètes réside dans le blocage des prix des produits de première nécessité, au-delà du Bouclier Qualité prix, étant précisé que ces produits bénéficient pour la majorité d’un taux zéro d’octroi de mer. L’application d’une TVA à taux zéro mérite d’être posée.

Vous comprendrez que le projet sur le pouvoir d’achat que l’Assemblée examine en ce moment est encore largement perfectible.

Autre dossier urgent : la santé et l’éducation

Concernant la santé, il est primordial que l’engagement du président de la République quant à la revalorisation du coefficient géographique soit tenu.
S’agissant de l’Éducation qui à nos yeux est la priorité des priorités, je voudrais ici appeler votre attention et celle du ministre sur une question récurrente qui se pose à chaque rentée ; celle de l’affectation des jeunes enseignants réunionnais dans leur Académie. C’est une demande légitime qui ne doit pas se voir opposer des logiques purement technocratiques et sans humanité, qui méconnaissent notre réalité.

Les taux d’illettrisme et de décrochage scolaires qui demeurent trop élevés ne peuvent être passés sous silence en pareille circonstance.

Concernant les dossiers de fond, j’évoquerai brièvement, dans le temps qui m’est imparti, 3 dossiers : la pêche et la politique maritime, les contrats de convergence et les moyens financiers.

S’agissant du contrat de convergence qui est outre-mer le pendant du contrat de plan Etat-Région , nous n’avons aucune visibilité sur leur reconduction alors qu’ils arrivent à terme en 2023. Or, c’est un enjeu décisif pour la bonne exécution des programmes opérationnels européens et pour le financement de nos infrastructures.

Je pense notamment au saut qualitatif que nous devons accomplir au niveau de la politique des transports avec la question du ferroviaire.

S’agissant précisément des moyens financiers, une réflexion s’impose sur le financement de la politique des transports au regard de de l’électrification progressive du parc automobile qui affecte directement le produit de la Taxe Spéciale sur la Consommation de carburants que perçoivent les régions d’outre-mer. Il est bien entendu que toute évolution doit sauvegarder le principe de notre autonomie fiscale. Par ailleurs, des marges de progression
existent quant à la péréquation qui doit être renforcée au profit des régions d’outre mer et au regard de l’ampleur des retards à rattraper.

Enfin, comme vous le savez, les outre mers confèrent à la France et à l’Europe une dimension planétaire grâce notamment à leurs espaces maritimes. Ceux-ci méritent d’être mieux valorisés à tous les niveaux :

- la pêche qui, avec l’agriculture, doit mieux contribuer à notre objectif de
souveraineté alimentaire,

- la recherche et les énergies marines qui doivent contribuer à notre objectif
stratégique d’autonomie énergétique, au même titre que le grand plan solaire que nous lançons et pour lequel nous souhaitons un accompagnement de l’État.

C’est une véritable politique de codéveloppement dans nos environnements géo-économiques respectifs que nous voulons mener.

Il faut que les moyens soient à la hauteur de l’ambition.

Permettez moi madame la Première ministre d’évoquer la question particulière des aides à nos flottilles. Comment expliquer que l’Europe et l’État se renvoient la balle quant aux aides à nos flottilles de moins de 12 mètres, au détriment de nos petits pêcheurs.

Nous ne pouvons accepter que 98% des prises dans notre océan soit le fait de pavillons extérieurs à notre île.

J’appelle à une grande politique maritime dont les outre mers doivent être les acteurs essentiels.

Cette problématique est inséparable de la question plus globale de l’accroissement des compétences et des responsabilités qui doivent être conférées à nos régions, dans l’esprit de l’Appel de Fort de France.

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