/ Actualité / Toute l’actualité
Retour
image-42.jpg

GARDYIEN LA MEMWAR - Suzette OUASSEIRO

19 décembre 2024

Sept personnalités, sept histoires inspirantes. Ces femmes et hommes, chacun dans leur domaine, incarnent la richesse et la diversité de La Réunion. De la préservation de la mémoire historique à l’excellence sportive, en passant par l’engagement artistique et environnemental, leur parcours est un modèle de détermination, de passion et de résilience. Ces "Gardiens de la Mémoire" sont des témoins vivants de notre histoire et des artisans de notre avenir, apportant à leur manière une contribution inestimable à la culture et à la société réunionnaise.

Article - Suzette Ouasseiro, Gardienne de la Mémoire

Suzette Ouasseiro, Gardienne de la Mémoire

Une artisanat vivant, un acte militant, une leçon de solidarité

Une passion transmise par une mère couturière, une passion qui ne l’a plus jamais quittée, et cela dès les années 50. Le moindre créneau de liberté, elle l’emploie à récupérer, découper, assembler. Un passe-temps qui lui ouvre d’autres espaces, l’initiant à une introspection, à un voyage intérieur.

Un passe-temps qui lui permet de ne pas rester les mains croisées, tout en honorant les mots de sa mère « rod quelque chose pou fé ». Enfin, un passe-temps qui sonne comme un acte militant, avec un souci écologique doublé d’une volonté de ne pas s’abasourdir de télénovelas.

Agent d’entretien dans une pharmacie, cette septuagénaire maintenant à la retraite, est demeurée fidèle à son premier hobby, la confection du tapis mendiant. Elle en parle avec fierté et humilité.

Au départ, du temps de sa mère, on fabriquait le tapis mendiant pour ne pas jeter les bouts de tissus qui jonchaient les sols des ateliers de couture. À l’époque, on découpait alors les morceaux de tissus en rectangle, puis on les ajoutait les uns aux autres, sans jamais obtenir le même résultat ; chaque pièce du puzzle est unique et originale.

Depuis, la technique a un peu évolué, des « restes » de tissus, on est passé à la technique des rosaces. Mais au-delà de cette activité assez sophistiquée, se profile une philosophie de vie, une philosophie qui prône le « recollage des morceaux », sinon « on est battu » dit-elle. En effet, selon elle, la vie comporte beaucoup d’opportunités mais aussi de nombreuses difficultés.

Actuellement, la société déborde dans l’abondance de tout, il y a trop de choix dans notre mode de consommation, au détriment d’une forme de solidarité qui se perd. Aussi, « coller les morceaux » constitue une discipline, et elle aime comparer le tapis mendiant à l’unité d’une grande famille qui tient face au chaos du monde, grâce au partage et à la solidarité.

Le tapis mendiant nous renvoie à notre devoir d’entraide, à l’empathie que nous devons à notre prochain. La confection d’un tapis mendiant développe de la patience, il faut du temps avant de le voir se dérouler sous nos yeux. Et puis, il faut savoir oser, coller des morceaux qui ne sont pas censés être assortis, et qui pourtant à la fin, se révèlent harmonieux.

La technique exige un savoir-faire remarquable dans l’assemblage et dans le placement des petits morceaux, pour en faire un dessin. Sa motivation est absolue, elle ne s’arrêtera jamais de réaliser les tapis mendiants qui sont au cœur même de sa vie.

La Région Réunion est heureuse ce soir d’honorer Madame Suzette Ouasseiro pour l’exemplarité de son parcours, et de lui remettre le trophée de « Gardien de la Mémoire ».