Dans le cadre du lancement des commémorations de la Fèt Kaf, Patricia PROFIL, Conseillère Régionale, déléguée à la Coopération régionale en matière sportive et culturelle, a procédé à l’inauguration de l’exposition « Somin la memwar » dans le hall de la Région en présence d’une classe de 1ère OL du lycée Georges Brassens et d’une classe de CM2 de l’école Herbinière Lebert.
« Somin la memwar » présente les œuvres de Jimmy Cambona, Elie Maillot, Nelson Boyer, Nathalie Maillot et David Nativel.
L’exposition réunit une 40aine d’oeuvres, peintures et sculptures qui livrent plusieurs visions du marronnage.
Jimmy Cambona s’intéresse particulièrement à la figure Kaf dans une vaste série de portraits intitulée Emancipation Kaf.
Nathalie Maillot et Nelson Boyer, duo de plasticiens, représentent également le corps, mais en volume avec la série Rézitans.
Avec la peinture d’Elie Maillot, ce sont les lieux qui s’expriment avec des paysages et sites emblématiques de La Réunion et de son histoire.
Au centre de la pyramide, une pièce unique, Le Bobr, réalisé par David Nativel. Ce sculpteur travaille le métal avec délicatesse en assemblant morceau par morceau la matière pour réaliser un objet, comme une dentelle solide, à la fois dense et transparente.
« Ma conviction profonde, c’est qu’il est de notre devoir de toujours honorer la mémoire de ces femmes et de ces hommes que les affres du temps qui passe ont parfois failli effacer. Parce qu’ils ont été percus comme des déstabilisateurs de l’ordre colonial, les Marrons ont été persécutés et traqués sans relâche. Ils sont morts sur l’autel des sacrifices et ont été décrédibilisés. C’est une terrible injustice !
Il faut le dire très clairement. Haut et fort. Les esclaves Marrons ont apporté une grande contribution au récit réunionnais de l’aspiration à la liberté.
Alors, aujourd’hui, nous affirmons leur existence. Et nous affirmons fièrement que nous sommes leurs héritiers ! Nous saluons leur résistance. Parce qu’elle a préservé les descendants que nous sommes de la l’horreur esclavagiste. Mais elle a aussi constitué l’un des ciments de notre culture réunionnaise, qui apparaît aujourd’hui, comme l’un des plus puissants modèles d’avenir pour l’humanité.
Le récit de l’abomination que fut l’esclavage nous parvient par plusieurs chemins.
Le travail des historiens a permis évidemment d’explorer les récits et les formes de résistance qui se sont développés dans la société d’avant l’abolition de 1848. Mais l’historien ne peut pas tout. Et c’est là qu’intervient l’artiste pour nous aider à ouvrir des portes supplémentaires et pénétrer plus profondément le royaume marron. C’est ce que racontent ces œuvres, en mettant formidablement en images les figures des premiers héros réunionnais. Elles nous disent surtout que nous devons construire notre rapport à l’histoire également dans une expérience sensible que l’art permet si bien.
Alors merci à nos gardiens de la Mémoire qui rendent aux esclaves rebelles leur humanité et permettent que leurs noms arrivent jusqu’à nous. Continuons sans relâche à entretenir leur mémoire et leur culture. Notre culture. La Région Réunion sera au rendez-vous de cette immense responsabilité. »
Patricia PROFIL, Conseillère Régionale